Préméditations.

Publié le par B+

Je suis un exalté, je m’emballe pour un oui pour un non, c’est comme ça. Je pensais que ce n’était pas si grave, je pensais que ça ne regardait que moi, que j’étais bien comme j’étais, que voilà quoi on est dans un pays libre et cætera, que ça n’aurait pas de conséquences dramatiques sur le cours de mon existence, que je pouvais décider sans que ça monte un papillon en tornade que telle ou telle chose avait le droit à l’appellation « chef d’œuvre intemporel de la nuit de toutes les aurores intersidérale de l’univers » sans que ça puisse influer sur la tranquillité mentale d’autrui, je savais qu’un certain charisme m’enveloppait parfois de cette force de conviction incroyable, mais j’étais loin d’imaginer de convaincre quelqu’un jusqu’à sa destruction. A l’heure ou je vous écris, les policiers n’ont pas encore retrouvé son corps, mais d’ici demain matin, ils seront sur mon palier, c’est sûr, les preuves les conduiront indubitablement à mon domicile.

Je ne cherchais que le réconfort de l’amitié, un brin de sociabilité pour m’adapter en société, pour ne pas être trop seul… Oui je sais, l’argument est maigre comparé à mon acte ignoble, mais je suis bien obligé de remonter aux origines du mal pour tenter de me justifier, même si ça peut paraître odieux de me servir de ce blog pour expier mon crime, de vous prendre à témoin lâchement pour me soulever un semblant de conscience, mais c’est la suite logique, il faut que je m’épanche de mots pour me soulager. Certes j’aurais tout le temps de vomir des suppliques et des regrets une fois enfermé entre quatre murs, je ne mérite sans doute pas le répit de pouvoir vous parler une dernière fois, je suis désolé pour tout ceux que ça va choquer, mais je suis comme ça, bavard jusqu’au bout… Hahaha !

Hahaha ! Non je ne regrette rien en fait, c’était tellement jouissif ! A vous je vous épargne les salades que je vais servir aux flics, laissez-moi me délecter en toute impudeur de cette déchéance programmée !

Alors voilà, toutes ses années, pour combler le creux en moi, je me suis entouré d’amis, je les ais séduits avec mon rire vertigineux et les ais ferré un par un avec ma disponibilité totale. Je suis un monstre je sais. Aujourd’hui, cette couverture d’amis ne cachera pas mon ignominie, mais avant de vous raconter ce qu’il s’est passé, il faut bien comprendre que je suis un détraqué, même si c’est la première fois que la mort valide mon œuvre, ce n’était pas la première victime de mon amitié, loin de la. Il s’appelait M, c’était mon ami M et je l’ai tué.

L’amitié est un processus de destruction très lent, il faut savoir attendre le bon moment. Une fois que parmi tous nos amis on a choisi la cible parfaite, il faut avoir encore la patience de l’emmener doucement à sa perte. Comment je m’y suis pris ? Je l’ai conditionné très jeune, j’ai profité de l’expérience de mon âge pour l’influencer calmement. Bien sûr au début il a résisté, mais je l’ai achevé le jour de son anniversaire avec la complicité de mon ami P. Nous lui avons offert alors les deux premiers coffrets de sa future agonie : Buffy contre les vampires saison 1 et Buffy contre les vampires saison 2. On offre pas Buffy comme ça sans une préparation psychologique de plusieurs années, il faut y aller tout doux, proposer un certain détachement, oser au détour d’une conversation entre deux Casanis : « tu sais il y une série sympa, c’est Buffy contre les vampires ». Il ne faut pas se démonter quand il nous rit au nez, il faut profiter du présent, car dés lors la proie à une patte dans le filet et il n’est pas prêt de s’en défaire. Il faut revenir à la charge au fil du temps en montant en exaltation jusqu'à ce que la proie, des années après, pris dans l’émotion simple d’une nouvelle tournée de Casanis associe définitivement les mots « Buffy » et « chef d’œuvre ». Et alors, en plein boum de la mode des séries américaines, une fois qu’il est de notoriété publique que certaines séries sont des bijoux plus impressionnants qu’un grand film il faut y aller à fond : « Buffy à été un des précurseur de la série moderne, c’est une des plus belle métaphore jamais réalisé sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, c’est en terme de réalisation et d’écriture une tuerie sans nom et aucune autre série dans sa catégorie ne lui est jamais arrivée à la cheville depuis ». Avec des arguments et un vocabulaire ampoulé singeant l’intelligentsia cinématographique tout est possible ! Il n’est toujours pas prêt ? Il ne vous croit pas ? Ce n’est pas grave, maintenant il faut qu’il pense qu’il a fait le chemin tout seul. Le jour de son anniversaire, lui offrir les deux premières saisons donc.

Après ça va prendre encore quelque mois avant qu’il n’ose toucher à son cadeau empoisonné, mais il va le faire, oui il l’a fait.  J’ai du mal à raconter la suite, tout pétris de remords que je suis… C’est dur… Même si je voulais lui faire du mal… Vous comprenez c’est dans ma nature de détruire… Je m’étais pris d’affection pour lui… Une si belle victime… Hahaha ! Ses coups de téléphones désespérés au milieu de la nuit « Non mais Angel là il va… Non ne me dis pas ! Ne me spoile pas ! Je suis désespéré ! Si ! Dis moi si Angel… Et Buffy ! Non pas ça ! Ne me dis pas ça ! ». Hahaha ! Ses mails de plus en plus noir : « Personne ne veux plus me parler depuis que je cris partout que Buffy est une série géniale ! » Hahaha ! Les journées à camper devant ma porte en attendant mon retour pour que je lui prête la suite, suite que je lui ai naturellement fournit au compte goûte, dvd après dvd. Hahaha !

Il ne sortait plus de chez lui sauf pour venir chercher sa dose, il ne mangeait plus, écrivait des chansons sur les vampires, s’est brouillé avec tout son entourage et ce qui devait arrivé est arrivé. A l’ultime épisode de la saison sept il s’est planté un pieu dans le cœur !

J’aurais pu faire durer encore un peu en lui disant que je possédais sur mes étagères la saison 8 en comics books écrite par Joss Whedon himself, mais je ne suis pas un monstre à ce point !


B+

Publié dans Séries Télé

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Je savais que tu étais un vampire !
Répondre
L
Mais, ce que tu dois savoir mieux que personne, c'est que sur la bouche de l'enfer, les morts ne restent jamais longtemps dans leur tombes...<br /> I'm back.
Répondre