02/ Une histoire de serpent.
C’est cette même année 1989, à la rentrée de septembre, que j’ai rencontré François. On peut dire sans exagérer que cette rencontre a changé ma vie ! Nous sommes toujours très proche (dans le jargon on appel ça un « meilleur ami », bien que je n’aime pas quantifier les rapports, c’est indubitablement mon plus vieil ami !) et il nous arrive fréquemment d’avoir des activités professionnelles communes depuis qu’il m’a extirpé d’une certaine galère il y a 4 ans en me faisant embaucher dans la boite d’animation dans laquelle il exerce son talent depuis une décennie, mais c’est une autre histoire. La chronologie des souvenirs avec François m’échappe un peu, il faut dire que durant l’année scolaire 1989/90 il s’est passé tellement de choses, que j’ai l’impression que cette année a duré deux ans ! Pour être plus précis mon premier souvenir de François date de 1987 ou 1988, lors d’un voyage scolaire en Allemagne où nous avons passé une nuit dans la même chambre d’hôtel (mettez un chapeau sur votre imagination, rien de salace à l’horizon !). Toute la nuit nous nous sommes raconté des films, je ne me rappelle plus quelle œuvre je lui ai fait partager, mais je me souvient très bien qu’il m’a raconté « l’aventure intérieur » de Joe Dante de « a » à « z » ! Une fois revenu en France, nous ne nous sommes pas reparlé avant notre année de seconde commune (je précise « commune » parce que ce cancre redoublait sa seconde ! Bon d’accord j’ai redoublé ma troisième, match nul !) à la rentrée de 1989. Si je fouille ma mémoire un peu plus en amont, elle me montre un instantané de 1986 d’un jeune fou courant dans la cours de récréation avec un rire niais, mais il ne faut pas croquer trop fort dans les madeleines, on pourrait se casser une dent ! Je garde une image du premier jour de classe de seconde, en salle de français je crois, où François en m’apercevant m’a fait un signe amical, comme un air de soulagement l’air de dire : « ouf quelqu’un de familier ». A l’époque il avait les cheveux longs, sans doute plus long que les miens, ou peut-être pas encore, mais d’ici peu sa couette légendaire atteindrait presque ses fesses !
J’ai fais la connaissance de Vincent durant cette même période, principalement à l’internat puisque nous n’étions pas dans la même classe, bien que nous avions certains cours en commun, notamment l’anglais. Il est important de parler de Vincent, puisqu’un an plus tard, nous formerons avec François et d’autres joyeux drilles la terrible bande des « première A3 option dessin » courageux représentants des arts et littératures au milieu de l’élite scientifique de Notre Dame de Bellegarde ! Vincent était un grand garçon (un mètre quatre vingt cinq je dirais), bien propre sur lui, toujours élégamment vêtu (ce qui n’allait pas tarder à contraster avec la future période « baba cool » de François et moi), qui malgré son immense talent (c’était de loin le meilleur coup de crayon d’entre nous) remettait perpétuellement en doute ses dessins et n’avait de cesse de s’excuser d’exister, ce qui était souvent risible vu la taille du gaillard ! Il avait aussi ce don de « marchand de tapis » qui faisait sourires les professeurs avec qui il essayait de négocier ses notes ! Un garçon plein de charmes qui, je l’avoue me manque aujourd’hui, mais la vie nous a éloignée, c’est ainsi. Un des premier soirs d’internat, ayant constaté que je passais moi aussi mon temps à dessiner, il est venu vers moi avec une caricature de sa main où l’on voyait le barbu (regardez-le ce grand nigaud qui vient piétiner mes plates bandes !) en train de faire pipi dans ses frocs. Le plus drôle c’est qu’il était terrifié, comme s’il avait fait une grosse bêtise, et venait se rassurer auprès de moi (j’étais passé expert en « barbuseries » depuis un moment déjà !) : « non mais je viens à peine d’arriver et je me moque déjà de monsieur Lassablière, tu crois que je risque de me faire coller pour ça ? » Hahaha j’en rigole encore, sacré Vincent ! Je me suis naturellement empressé de scotcher le dessin au mur de ma chambre !
Je vous raconte tout ça parce que je ne peux pas jouer la chanson suivante avant d’avoir mis en place toutes les pièces du puzzle. Nous avions donc avec François et Vincent le cours d’anglais en commun et c’est un devoir qui a enclenché la suite de l’aventure musicale. On devait écrire un texte en anglais, un poème avec des animaux, il y a avait certainement une contrainte grammaticale dont je ne me rappelle plus. Nous avons rédigé la chose avec Vincent et le soir même nous la transformions en chanson dans la chambre de Thomas !
(En écrivant j’ai un doute atroce. Je me demande si ce que je vous raconte est vrai ou si c’est un souvenir légèrement fictionnel ! En fait je ne suis pas tout a fait certain d’avoir écrit cette chanson avec Vincent… C’était peut-être un autre camarade de classe et d’internat, Guillaume… Bon, tant pis, on va dire que c’était Vincent, se sera plus simple pour la suite !)
Gentle snake
The Bellegardians’ Angels.
« Bellegarde mon amour » 1989.
Texte : Balthazar Chapuis/Vincent Dubost. Musique : Thomas Louichon.
Have you ever heard about the love story
Between gentle snake and lady lizard
Do you know the slug who was so jealous
That she killed the poor lady lizard
Refrain :
Poor gentle snake youre life have gone in a shake
Your love have gone away, in one day
Gentle snake was so excited that he kill de slug to
But he knows that his life was finish
He started to drink just like Gainsbourg
Forgot all his life by getting sick
Refrain
Slithering ang crawling from village to town
But only to get drunk and stop thinking
All this was the past, now gentle snake is dead
Alcohol just kill him at last
Refrain
Remember this story the day you miss your love
So don’t get excited and think, just think !
Tout excités nous sommes arrivés en cours avec notre cassette et les aventures de gentle snake sont instantanément devenues un tube dans la classe d’anglais. Mais le plus important, c’est qu’à la fin du cours, François qui avait trouvé ça génial, est venu me demander s’il pouvait m’emprunter la cassette, cassette qui contenait tous les titres enregistré avec Thomas. Je l’imagine le soir même, devant sa chaine stéréo, euphorique en découvrant les trésors cachés du premier et dernier album des « Bellegardians’ Angels », « Bellegarde mon amour » ! Ce chef d’œuvre d’émotion pure où l’on passe du rire aux larmes sans jamais rompre la tension ! Ce monument d’écriture sublime tout en nuance et subtilité ! Ce cri désespéré de lycéen martyrisé qui vous déchire le cœur à chaque nouveau couplet ! Cet hymne à la musique libre qui n’a de limite que l’imagination truculente de ses auteurs ! (Je cite de mémoire des extraits de la presse locale !) Que de talent dans un si petit réceptacle ! Encore encore n’arrêtez jamais de nous oindre de votre poésie vibrante ! Je rigole, mais à l’époque j’y croyais fort ! François est revenu le lendemain, il avait adoré. Et de fil en aiguille, une envie en entrainant une autre, on s’est retrouvé un après midi tous les deux chez lui autour d’un piano, armé d’un magnéto à cassette muni de la précieuse touche « rec ». Car François jouais du piano.
02/ Gentle snake
Je vous laisse déguster ma version 2009 de ce drame passionnel, mais dans la joie !
La suite jeudi 26 novembre…
B+