Je vais vous parler d'une fille, chapitre 6.

Publié le par B+

J’ai été retenu par une horde d’amateurs de musique classique qui m’ont agrafé violement à mon fauteuil. J’ai du attendre la fin du récital pour monter sur la scène et sauter dans le piano. Mais ce n’était plus qu’un simple piano a queue avec des cordes dans la caisse, le passage s’était refermé derrière elle. Il ne me restait plus qu’à rentrer chez moi et reprendre le court de ma vie. En chemin j’ai posté ma déclaration d’impôt. J’ai rejoins ma barricade de solitude au sixième étage et j’ai allumé mon ordinateur. Pas de mail, tous mes amis sont plus ou moins en vacances, pas de messages sur le répondeur, hors mis ma mère qui avait téléphoné sur le fixe avant de me joindre sur mon portable quand Prudence faisait la classe à ses amants éplorés… Prudence, elle s’appelle Prudence, quel joli prénom. Quand pourrais-je te rejoindre ? Par quel chemin ? L’idée d’aller ouvrir tous les pianos de la ville m’abandonna très vite, j’étais obligé d’attendre que se soit elle qui se montre à nouveau, mais à l’heure qu’il est elle devait déjà jeter son dévolu sur un autre que moi, la distance est cruelle, mais elle rend lucide. A quoi bon rêver, nous n’avons même pas échangé un baiser et si le baiser avait eu lieu, que se serait-il passé de plus ? Au mieux nous aurions partagé une nuit, et alors ? A quoi bon une nuit, si la tendresse se change en fuite ? Je rêve trop ma vie, alors forcément, quand ma vie commence à ressembler à un rêve, tout m’échappe. Je n’ai qu’à me contenter de ma normalité, elle n’est pas si triste dans le fond, je suis bien entouré, il m’arrive d’être drôle, je suis plutôt de bonne compagnie, je suis un mec sympa. Oui, un mec sympa, c’est ce que disent les filles qui me plaisent, celles qui me trouvent tellement formidable qu’elles supplieraient presque mon amitié. Je prends l’amitié, c’est une forme de tendresse comme une autre, c’est déjà ça. Mes sentiments, c’est trop fort pour elle, ou ce n’est pas le moment, ou mon ventre est un peu trop gros, qu’importe. Mais Prudence, elle m’a regardé comme si j’étais son prince charmant, comme si elle me connaissait au delà des apparences, comme si j’étais son rêve, elle m’a regardé avec amour. Au prix de quelques claques c’est vrai, mais ça en valait la peine. Elle à un sacré coup de soufflet en tout cas, je dois avoir la joue bien rouge !

Je suis allé dans la salle de bain contempler les dégâts mais en lieu est place de la rougeur attendue il y avait comme des craquelures. Pris de panique je me suis collé contre le miroir pour observer ce phénomène cutané inconnue. Pas de doute, j’étais en train de m’effriter et à force de me palper, des écailles de peaux ont commencées à tomber. J’ai attrapé une bouteille d’alcool à quatre vingt dix dans le placard et sans réfléchir, je m’en suis aspergé le visage. Trente seconde plus tard, tout mon visage commençait à craquer et à pleuvoir des bouts de peaux sur le carrelage. Je me suis mis à pleurer, terrorisé avant de me rendre compte que, malgré l’aspect visuel déroutant, je ne ressentais aucune douleur. C’était étonnant de constater que ces fissures en moi se creusaient sans aucune sensation, même pas la moindre démangeaison, alors j’ai accéléré le processus et je me suis intégralement épluché la tête. C’était comme une mue, sous ma vieille carapace j’avais fais peau neuve et quelle peau ! Plus douce, plus fraîche, les traits plus fins, les surplus de graisses envolés, les rides effacées, les yeux décernés, j’étais agréable à regarder, joli comme un cœur, à croquer ! C’était incroyable et terriblement excitant, je me suis déshabillé et j’ai continué à tirer sur les rubans de mon écorce le long de mon corps, comme une momie qu’on désembaume. Mon surplus de bide infâme avait disparu, je redevenais maigre comme à vingt ans, ça ne m’avait pas poussé des muscles, mais j’étais assez bien foutu, les épaules pas trop basse, les bras et les jambes pas trop fins, pas un adonis, mais un gars bien proportionné, sans excès de chair, sans courbe de travers, c’était plus qu’émouvant. Il fallait que je sorte tester ma jeunesse retrouvée dans un bar ou une boîte, oser inviter une jolie fille à accepter un verre ou une danse. Mais il y avait un problème de taille, je n’avais plus rien à me mettre et sortir enveloppé dans un sac de pomme de terre n’encouragerais pas mon sex appeal à s’exprimer. Il était trop tard pour sonner chez un voisin pour emprunter un costume et puis autant rester discret pour l’instant, cette transformation subite paraîtrait louche. Je suis allé me coucher avec une sérénité neuve.

Au petit matin, j’ai enfilé un survêtement et j’ai couru jusqu’au centre dans un magasin de fringues. Je suis passé chez le coiffeur pour changer de tête afin de me faire passer pour mon petit frère puis je me suis posé à une terrasse de café. Désormais tout était possible. C’était le week-end, le temps était magnifique, j’étais beau et fringuant, quelle belle journée en perspective. Des jeunes filles par millier, les jambes nues en  bord de robes, envahiraient bientôt mon espace visuel… Je suis rentré chez moi à quatre pattes à cinq heures du matin, ivre mort, semi gerbant et surtout bredouille. J’avais omis un détail, juste un tout petit détail, je pouvais ressembler physiquement à toute les stars de cinéma les plus sexy réuni en un seul corps, ça n’estomperait pas pour autant ce qui freine tous mes élans, mon éternelle et maladive timidité. Une fois, juste une fois… Oui, il y a eu une fois, seulement une… En y repensant c’est vraiment la seule fois… J’ai beau fouiller ma mémoire, il n’y a eu que cette fois-là… Une fois ma timidité s’est envolée, comme par magie. J’étais au club 29 et j’ai sauté dans un piano… Prudence… Prudence !

(à suivre…)


B+
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N
Han! Noob!
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B
Nan stoi !
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L
pffff !!!! noooooooooooooooooob !!!!! nooooooob!!!!! NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOB !!! NOOOOOOOOOOOOOOOOOOB !!
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B
Pour le moment, je suis en exil prolongé<br /> avec interdiction de faire autre chose que d'être<br /> en vacances, j'essaie d'assumer !
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N
euh c'est quand la suite!!!!
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